
Le logo du supermarché Casino est représenté à Paris
Le procès de l'ancien président-directeur général du distributeur Casino, Jean-Charles Naouri, accusé de corruption et de manipulation de cours de Bourse, s'ouvre lundi au tribunal de Paris, près d'un an et demi après que le dirigeant a quitté le groupe, alors criblé de dettes et au bord de la faillite.
Dans le cadre de ce procès, qui doit se tenir jusqu'au 22 octobre à la 32ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris, Jean-Charles Naouri est accusé de manipulation de cours en bande organisée et de corruption privée active, aux côtés de trois anciens cadres du groupe, ainsi que de l'éditeur de publications financières Nicolas Miguet.
La société Casino Guichard-Perrachon, qui constitue le groupe Casino et que Jean-Charles Naouri a dirigée pendant près de 20 ans jusqu'en mars 2024, est également poursuivie devant le tribunal correctionnel de Paris des chefs de corruption privée active et de manipulation de cours en bande organisée, a indiqué le tribunal à Reuters.
Jean-Charles Naouri est accusé d'avoir, entre 2018 et 2019, rémunéré Nicolas Miguet pour que ce dernier diffuse des informations favorables à Casino au marché afin de défendre son action, notamment concernant une rumeur d'OPA hostile qu'aurait étudiée Carrefour à l'encontre de Casino - accusations que l'ex-PDG conteste toutes.
Au moment des faits, la direction de Casino était sous pression, son action ayant violemment chuté en 2018 alors que le marché s'inquiétait de son lourd endettement.
Le titre Casino n'a jamais récupéré, continuant à tomber ces dernières années jusqu'à valoir aujourd'hui quelques dizaines de centimes d'euros.
CASINO DÉSORMAIS EN RECONSTRUCTION
D'après une source familière du groupe interrogée par Reuters, pour se défendre, le groupe Casino a l'intention de souligner que sa gouvernance a été complètement renouvelée depuis l'ère Naouri, et que la société est désormais en pleine démarche de reconstruction.
Détenteur des enseignes Monoprix, Franprix ou Naturalia, Casino est passé sous le contrôle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky en 2024, après la validation de son plan de sauvetage par le tribunal de commerce de Paris en février 2024, menant à une restructuration drastique.
En février 2025, la direction désormais menée par Philippe Palazzi déclarait avoir cédé 366 hypermarchés et supermarchés sur l'année 2024 et prévoyait la suppression d'environ 3.200 postes dans le cadre de son redressement.
Représenté par quatre avocats - Nicolas Huc-Morel, Francis Teitgen, Eric Laut et Olivier Baratelli - Jean-Charles Naouri a également fait appel à trois cabinets d'expertise financière différents pour appuyer sa défense.
Dans leurs conclusions, que Reuters a pu consulter, ses avocats estiment que "Jean-Charles Naouri pouvait légitimement penser que Carrefour était sur le point de lancer une offre sur Casino", et que la convention conclue avec Nicolas Miguet par Casino "a donné lieu à des prestations effectives de conseils", tandis que le cours de Casino aurait varié pour des raisons autres que le contrat entre Casino et Nicolas Miguet.
Un porte-parole du groupe Carrefour a indiqué à Reuters quelques jours avant l'ouverture du procès qu'aucun représentant du groupe ni membre de sa direction ne serait présent lors des audiences, déclarant que "Carrefour est étranger à cette procédure et n'a pas de commentaire".
(Reportage Florence Loève, édité par Kate Entringer)
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